Eure-et-Loir : après le harcèlement de son fils à l'école maternelle, une mère écrit un livre pour enfants sur le sujet

A l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école le 5 novembre, focus sur un livre jeunesse écrit par une habitante d’Eure-et-Loir. Confrontée à ce problème en maternelle avec son fils, elle veut aider les enfants et les parents à en parler.

Publié le 03/11/2020 à 08h00
Lucie Cayer, habitante de Saint-Martin-de-Nigelles, a écrit son premier livre, un album jeunesse sur le harcèlement scolaire intitulé "Vic et Lou... ça suffit maintenant !" • © Lucie Cayer
Sorti le 19 mars dernier, cet album jeunesse est passé inaperçu avec la crise sanitaire de la Covid-19. Vic et Lou… ça suffit maintenant !, édité chez Grrr… Art Editions, raconte l’histoire de Vic, un éléphanteau précoce mal dans sa peau, et de Lou, une petite lapine discrète qui aime le bleu.

Mais comme le raconte le résumé "à l’école des « Pet-chounes », ils ont du mal à trouver leur place. D’autant que Stany, le kangourou, et Gamy, la hyène, ne les épargnent pas…"

Illustré par Sabine Hautefeuille, cet album est issu du vécu de Lucie Cayer, une habitante de Sain-Martin-de-Nigelles (Eure-et-Loir).

Seule et choquée

Aujourd'hui âgée de 36 ans, cette mère de deux enfants a, en effet, découvert que son fils était victime de harcèlement à l'école, notamment en moyenne section. "Il subissait des bousculades, des réflexions déplacées et méchantes. Je voyais que cela devenait récurrent. J’ai très mal vécu cette période et mon fils aussi."

Alors qu’elle se sent seule au début, elle se rend compte en discutant avec d’autres parents qu’elle n’est pas un cas isolé. "Cela peut porter sur les sous-vêtements, des phrases du type « t’es moche ». Ce sont encore des bébés en maternelle, donc cela me choquait."

Mais comment en parler et sensibiliser sur le sujet ? De parcours littéraire, Lucie lit beaucoup d’histoires à ses enfants, de préférence sur des thématiques précises avant d’évoquer le sujet, ou de faire passer des idées à son fils et sa fille.

Mais elle ne trouve pas d’ouvrage sur le harcèlement scolaire en maternelle : "il y avait des livres soit pour les plus grands, soit plus axés sur la violence physique".
 

"Le bleu pour les garçons"

Cette maman décide donc d’écrire elle-même son tout premier livre. "J’ai voulu faire une aventure entre deux personnages sur le harcèlement scolaire, et aussi pour le bien vivre ensemble et l’acceptation des différences, avec un texte simple et de belles illustrations par Sabine Hautefeuille."
 
Cet album de 32 pages a été illustré par Sabine Hautefeuille. • © Sabine Hautefeuille, Lucie Cayer / Grrr...Art éditions

Pour incarner cette aventure, elle choisit l’éléphanteau et la lapine qui aime le bleu. "C’est ma fille qui m’a inspiré, elle aimait beaucoup le bleu. Or je me souviens d’un enfant disant que le bleu était pour les garçons et le rose pour les filles. Généralement c’est quand on sort du moule qu’on est stigmatisé et qu’on peut facilement subir ce genre de choses."

 "Au niveau des brutes, j’ai pris un kangourou car il y avait cet aspect physique, et la hyène parce qu’il y avait ce côté psychologique, avec les moqueries", explique-t-elle.
 

Libérer la parole

A l’approche de la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, Lucie espère que son ouvrage puisse être diffusé et serve à libérer la parole.
 

C’est primordial pour les enfants victimes de harcèlement de se confier.

Lucie Cayer


Mais elle le voit aussi comme un moyen de faire dire à un enfant s’il a été témoin de ce type de violences, ou pire, s’il en est l’auteur.  L’occasion alors de lui rappeler ce qui est bien ou mal.

L’Eurélienne a, par ailleurs, quelques retours de parents qui se sont identifiés à sa situation, ainsi que de professeurs.  "J’ai des amies enseignantes dans d’autres départements qui ont lu le livre en classe et qui s’en sont servi comme outil de sensibilisation."

Lucie sait qu’elle a de la chance : elle a pu en discuter tôt avec son fils car celui-ci communique beaucoup. Elle est depuis extrêmement vigilante avec sa fille qui n’a pour l’instant pas souffert de problème de harcèlement.
Julie Postollec